Un beau ténébreux

C’est au cœur d’une station balnéaire bretonne des années 20, dans la douce langueur de l’été que se nouent et se dénouent les intrigues insouciantes d’une petite société bercée par la légèreté de l’ennui. Jacques, Irène, Christel, Henri…sont de jeunes estivants désœuvrés s’abîmant dans les vagues d’un quotidien ponctué de soirées de bal ou au casino, entre débuts de marivaudages et promenades sur la plage… Mais l’arrivée d’Allan et de Dolorès, anges pasoliniens entraînant dans leur sillage le goût du rêve, de l’exaltation et du scandale, vient rapidement troubler cet équilibre factice.

La nouvelle création de la compagnie The Party se propose de raconter le récit de ce dernier été en adaptant à la scène le second roman de Julien Gracq, Un beau ténébreux, histoire sombre aux accents de roman fantastique écrit en 1945.

Un hôtel aux relents kubrickiens, propice aux inquiétudes insidieuses et un bord de mer en forme d’arène tauromachique composent l’ambiance particulière de cette mise en scène visuelle et musicale, dont la texture vaporeuse et feutrée rappelle celle d’un songe. Dans une poésie de lumière, de matières, de sons et de corps, Matthieu Cruciani fait résonner toute la splendeur de l’écriture de Gracq, qui a su tel un orfèvre décrire l’univers d’une société occidentale en quête d’émotions perdues.